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"Segment de vie après la chute" de Hugo Dray Empty "Segment de vie après la chute" de Hugo Dray

Jeu 29 Avr - 8:24
Manuscrit retrouvé à proximité de la Cité de Saville lors des fouilles de la Confrérie des Achs aux alentours de 317 après la Chute. Une première traduction a été réalisée par la confrérie, mais par souci de neutralité, une seconde a été effectuée par Moer Cortaz, alors Doyen de la Cité. La datation est d’origine et relate les premiers jours du Long Hiver. Elle semble correspondre à l’année -1 ou an 0 de notre calendrier. Vous trouverez entre parenthèses ses différentes annotations, interrogations ou précisions. Le texte retranscrit ci-dessous n’est que le témoignage d’un survivant des temps anciens. Dans sa globalité, il ne contredit pas les écritures, mais certains passages demeurent toujours, à l’heure actuelle, sujets à caution.
 
18 février 2021
Je m’appelle Alois Bruckner et j’ai décidé de relater, au jour le jour, ce qu’il advient du monde et en l’occurrence de votre humble narrateur. Je m’adresse ici à un hypothétique lecteur, car je garde espoir que ce que nous vivons actuellement ne soit pas la fin de tout. Peut-être que ce brasier ultime n’emportera pas tout sur son passage et que certains d’entre nous parviendront à survivre.
En tant qu’individu, je ne suis pas grand-chose. Je ne suis qu’un obscur professeur d’histoire pris dans les tourments et les turpitudes d’un monde que l’on pensait moderne et qui s’est lamentablement effondré sur lui-même. Je ne m’attarderai donc pas sur ma personne. Je n’en vois guère l’intérêt.
J’écris ce récit pour les générations futures… si elles ont la chance de survenir. Dans le cas contraire… je préfère ne pas y penser.
Le seul intérêt à ce que vous lirez est de prendre connaissance des causes, pour ce que j’en connais, de ce qui a amené à ce déchainement inouï de violence et de destruction.
Comme chacun sait, toute civilisation est vouée à disparaître… (illisible)… Vous le savez surement ou pas, je ne peux anticiper sur votre connaissance de l’histoire à l’heure où vous lirez ces lignes, mais toutes les civilisations humaines se sont succédé les unes aux autres. La culture égyptienne, mésopotamienne, grecque, romaine, chrétienne, maya, indienne et j’en passe ont vécu et trépassé.
(À quoi fait-il référence ? À des cultures très anciennes ou des légendes ?) Et malgré cette connaissance empirique, jamais de ma vie, je n’aurais pensé assister à la fin de la mienne.
J’avais quelques doutes, je ne peux pas le nier. Depuis quelques années, les signes avant-coureurs d’un effondrement se faisaient de plus en plus alarmants, mais l’espoir fait vivre, dit-on, et comme la plupart de mes semblables, je pensais honnêtement que, tous ensemble, nous trouverions une solution à cette succession de catastrophes, qu’elles soient économiques, sociales, environnementales ou politiques. Force est de constater que notre destin était déjà écrit. (illisible)
Dans les runes des Dieux se trouvaient déjà la fin.
Je m’arrête un instant pour recharger ma lampe à pétrole.
 
Bien que le groupe électrogène fonctionne encore et qu’il devrait encore fonctionner quelques jours, j’ai décidé de relater ces quelques mots sur un vieux cahier Clairefontaine (?) que j’ai trouvé dans la réserve de la cave qui me sert désormais d’habitat. Malgré les formidables progrès de notre technologie occidentale, elle n’en repose pas moins sur la fée électricité. (Indice très intéressant qui semble valider l’existence de ce phénomène physique dans les temps qui suivirent la Chute) Et à l’heure où je rédige ces mots, cette formidable (illisible), dispensatrice de notre soi-disant évolution moderne et, accessoirement, de notre confort (illisible) la voilà condamnée à disparaître pour un long moment, je présume.
J’aurais pu écrire sur un PC (cela doit correspondre à des initiales, mais rien dans ces fragments de texte ne permet d’identifier ce qu’est un PC), mais je suis convaincu que mon récit resterait à jamais oublier dans les méandres d’une mémoire informatique (incompréhensible, de quoi parle-t-il ?) désormais inaccessible.
Les Égyptiens ont gravé leurs hiéroglyphes dans la pierre comme les Sumériens, leur écriture cunéiforme et cinq mille ans plus tard, pour peu que nous ayons leur pierre de Rosette (?), nous sommes en capacité de déchiffrer le roman de leur vie.
Les stylos que j’utilise ne sont pas aussi durables que la gravure dans la pierre, mais je sais qu’ils pourront perdurer un petit moment. Si tant est que mes écrits soient découverts dans un laps de temps assez court, car l’encre d’aujourd’hui est certainement de plus mauvaise qualité qu’elle a pu l’être auparavant. (De quand parle-t-il ?)
 
23 février 2021
Il commence à faire froid et pour ce que j’en sais, cette sensation devrait s’accentuer au fil des jours, car le soleil ne va tarder à être obstrué, et cela pendant un long moment. (Voici un indice important qui permet de dater précisément le début du Long Hiver)
 (illisible)
Il y a bien sûr le virus (ce terme revient dans plusieurs textes apocryphes, mais aucun ne donne de définition précise. Nous comprenons juste qu’il s’agit d’une sorte de maladie), mais il n’est pas à l’origine de notre effondrement. Il a, bien entendu, provoqué le chaos dans lequel nous sommes désormais, mais il n’a été qu’un outil, un moyen d’accélérer la chute. Les racines du mal sont bien plus profondes et trouvent leurs origines dans le cœur même des hommes. Dans leur avidité, dans leur rancœur, dans leur folie des grandeurs totalement démesurée, dans leur haine de l’autre, dans leur soif de pouvoir, dans leur égoïsme tout simplement.
Je pourrais vous faire la chronologie des événements qui ont amené à cet instant fatidique, mais à quoi bon ? Le mal est fait, non ?
Pourtant, je me dois de relater quelques faits importants. Ne serait que pour te permettre, à toi lecteur placé en amont du temps, de comprendre un tant soit peu ce qui a pu se passer pour entraîner ce que nous pouvons désormais nommer, nous, éternel anthropocentriste devant l’éternel, la fin du monde. (pas sûr de bien comprendre où l’auteur veut en venir…)
 
27 février 2021
Il m’a fallu deux jours pour trouver de quoi me chauffer et accessoirement de la nourriture. Compte tenu de la situation, j’ai privilégié les conserves, car moins à même d’être contaminés et ironie de la situation, car je n’avais pas ouvert une boite de conserve depuis au moins trente ans !
Mon local est vétuste. On dirait une cellule de prisonnier. Je me suis confectionné une paillasse à partir de cartons divers et d’une pile de draps. Je dois être particulièrement vigilant à l’humidité, qui, je le sens dans mes os, atteint des taux préoccupants. Afin d’éviter une trop grande hygrométrie, je suis obligé de chauffer constamment le petit poêle, qui Dieu (à quel Dieu fait-il référence ?) merci, fonctionne bien. Le problème est de trouver du bois. Cela fait 5 jours que je suis enfermé et je rencontre déjà des difficultés pour m’approvisionner.
Et ce qui m’attend est franchement déprimant. On ne voit déjà plus le soleil. L’hiver nucléaire (nom donné par les Anciens au Long Hiver) a commencé. La poussière et la fumée ont absorbé la lumière du soleil, réduisant drastiquement la quantité de rayonnement et entraînant un assombrissement important et du coup un sérieux refroidissement. Pour ce que j’en sais, la température devrait baisser jusqu’à — 20 ° C et cela durant plusieurs mois. Comme vous vous en doutez, c’est loin d’être réjouissant, d’autant que je n’ai aucune idée de ce qu’il va me falloir endurer pour survivre. Si toutefois j’y parviens…
La première vague du virus, si elle a été virulente, n’a pas eu d’impact démographique important. Les ¾ de la planète ont passé plusieurs mois dans un confinement imposé et force est de constater que cela a permis de désengorger assez vite les hôpitaux et de limiter fortement la propagation du virus.
Le problème est que suite au déconfinement, tout s’est littéralement embrouillé. Le monde économique était au point mort et la reprise a été catastrophique. Afin de rattraper les différents retards liés non seulement à la production des biens, mais surtout à la perte des actifs de la plupart des sociétés, les dirigeants du monde entier se sont lancés dans une folle course à la croissance. Laissant sur le carreau des millions de travailleurs. La crise sociale tant redoutée explosa à la tête de tous. Les rassemblements de mécontents furent de plus en plus nombreux et à l’automne, la planète entière était en ébullition. Les gouvernements tentèrent d’endiguer le désastre, mais tous leurs efforts furent anéantis par l’apparition d’une seconde vague du virus. Bien que la plupart des scientifiques alertèrent l’opinion de sa très forte probabilité, ils n’ont pu empêcher la catastrophe. Les importants rassemblements permirent au virus de se propager à une vitesse vertigineuse. En quelques jours seulement, les hôpitaux, les centres de soins, les cabinets médicaux furent totalement débordés. Et Dame Nature, dans un élan vengeur, fit muter le virus d’une manière bien plus virulente et vicieuse. Bientôt, on dénombra des centaines de milliers de morts. Les tentatives de reconfinement furent, face au désordre social, toutes des échecs. On envoya l’armée pour contenir les mécontents, mettant ainsi de l’huile sur un feu déjà ardent. Et tout s’embrasa. (Bien que manquant de précision, cette partie nous permet d’en savoir plus sur la réaction en chaine qui a entraîné la Chute, à recouper impérativement avec les autres textes)
Pour couronner le tout, après des millions de morts recensés aux quatre coins du globe, l’Intelligence artificielle (évoque-t-il les machines pensantes ?), à qui l’on avait confié la sécurité des différents arsenaux nucléaires, finit par péter un plomb, si j’ose dire, face aux ordres contradictoires qu’elle recevait. Il y a sept jours exactement, de façon probablement accidentelle, mais qui n’en demeure pas moins extrêmement dommageable, l’IA lança les séquences de lancement d’une série de missiles. Bien que mise rapidement hors d’état de nuire, le mal était fait. Je ne sais pas combien de bombes sont tombées avant l’arrêt des lancements, mais suffisamment pour plonger la planète et les derniers hommes dans l’obscurité.
Permettez-moi de préciser que je relate ces événements en comblant certains trous, car je ne suis pas convaincu que les choses se soient déroulées de cette façon, mais, au vu des connaissances actuelles, c’est le scénario qui me parait le plus logique. Je n’en sais pas plus et je n’en saurai pas plus vu qu’à l’heure actuelle il n’y a plus aucune connexion internet et que l’électricité vit ses dernières heures grâce au groupe électrogène. (passage déroutant qui semble remettre en question ce qui précède)
Bien qu’effroyable soit la situation actuelle, j’ai bien l’intention de ne pas me laisser faire. Pourquoi ? Même s’il n’y a plus grand-chose à espérer, je suis habité par un profond instinct de survie. Je ne peux pas me l’expliquer autrement, car tout autour de moi ne sont que ruines et désolation et que tout humain sensé se jetterait sur le seul choix possible : le suicide.
J’en viendrais peut-être à cette extrémité, mais je vais m’efforcer de l’éviter, car je suis très curieux de ce qu’il peut advenir des cendres de l’Ancien Monde.
(illisible).
 
12 mars 2021
J’ai dû me rationner plus que je ne l’escomptais. Dehors, c’est devenu l’enfer. Aujourd’hui j’ai tenté plusieurs fois de sortir, mais un vent d’une violence impressionnante m’en a empêché. Avec le froid et dans l’obscurité, je n’ai pas réussi à faire deux mètres. C’est totalement déprimé que j’ai dû rebrousser chemin. Il ne faudrait pas que cela dure, car, non seulement, je n’ai plus grand-chose à manger, mais pire que tout, il ne me reste pas plus de deux litres d’eau potable. Sans eau, je ne tiendrais pas longtemps.
 
17 mars 2021
J’ai réussi à me faufiler à l’extérieur et j’ai pu rapporter quelques vivres et une bonbonne d’eau de 5 litres. C’est loin d’être la panacée, mais il va falloir que je fasse avec. Le vent est toujours présent, mais moins violent. Toutefois, il ne laisse présager rien de bon. Cela veut dire qu’il disperse aux quatre coins du monde les particules radioactives et qu’à l’heure qu’il est, toute la planète doit être contaminée.
Je n’ai pas rencontré âme qui vive et pourtant je suis convaincu qu’ici où là se terrent quelques survivants. C’est évident, je ne peux pas être le seul… Je n’ai pas envie d’être seul…
(Une page entière illisible)
 
7 avril 2021
Une méchante grippe ou quelque chose d’avoisinant m’a cloué sur ma paillasse durant plusieurs jours. Ce n’est pas viral puisque voilà un mois et demi que je n’ai croisé qui que ce soit. J’ai franchement cru que je vivais mes derniers instants, mais j’ai repris de la vigueur depuis hier matin et, compte tenu, de l’état de mes stocks, je me prépare à une nouvelle sortie. Avant de tomber malade, j’avais réussi à organiser mes journées de façon très disciplinée, de manière à ne pas me laisser aller. Au réveil, je fais plusieurs exercices d’assouplissement, des abdos, des pompes, je cours même sur place ! Quelle ironie quand j’y pense, moi qui tenais le sport le plus loin possible de ma personne. J’ai dû revoir mes convictions à (illisible).
Pour l’heure, je suis encore trop faible pour reprendre mon rythme quotidien, mais je ne peux nier la profonde nécessité de ces exercices. Je suis un peu comme un astronaute (?) en orbite. Je dois m’assurer de rester en forme.
 
26 avril 2021
Depuis quelques jours, je vois bien que le feu perd de sa vigueur et cela, quelle que soit la hauteur des flammes. J’ai les yeux irrités depuis plusieurs semaines maintenant et j’ai le sentiment que le feu qui danse devant moi est aussi triste que le monde. Ses couleurs sont beaucoup moins vives, moins flamboyantes. Ce qui brûle n’est qu’un souvenir pastel. (Que peut-on véritablement penser de ce passage ? il ne cadre absolument pas avec les Écritures)
Malgré le poêle, j’ai constamment froid. Je n’ai pas idée de la température qu’il règne à l’extérieur, mais elle est négative et ne semble jamais refluer.
Je me prépare à sortir, car je n’ai plus d’eau et il ne me reste que deux boites de maïs. Je me suis confectionné une sorte de combinaison. Elle est loin d’être étanche, mais je ne peux guère faire mieux. Quelle que soit la rudesse du climat, cette combinaison de fortune me permet d’être entièrement couvert.
J’ai pour idée de me rendre dans l’ancien centre commercial (marché ?) qui doit se situer à un peu de 5 kilomètres. Ce qui relève, en ces temps incertains, de la véritable expédition, mais je n’ai guère le choix.
 
18 mai 2021
Lors de ma précédente sortie, que je peux saluer de succès, j’ai eu toutefois la malchance de me casser une partie de la main. Ce qui explique que je n’ai pas pu écrire pendant une vingtaine de jours. D’ailleurs, vous m’excuserez pour cette nouvelle calligraphie, bien plus hésitante que la précédente, mais je ne doute pas que cela revienne. (en effet, l’écriture est plus abrupte)
Quand je parle de succès, c’est que j’ai pu découvrir une véritable caverne d’Ali Baba. Contrairement à ce que je redoutais, les rayons étaient loin d’être vides. Ce qui me fait poser la question suivante : serais-je le seul survivant dans ce périmètre ?
En tous cas, à l’aide du caddie que j’ai récupéré là-bas, je parviens à ne sortir qu’une fois tous les 15 jours environ. Et c’est franchement pour le mieux, car il fait vraiment froid dehors, terriblement froid. Le ciel est toujours sombre et malgré quelques griffures lumineuses à travers les nuages, rien n’a vraiment évolué, la lumière du soleil reste toujours absente.
 
6 juin 2021
Je rumine à longueur de journée. Je n’ai plus grand-chose sur quoi me raccrocher. J’ai l’impression d’avoir scié moi-même la branche sur laquelle je me tiens. L’espoir a fondu comme neige au soleil. Je suis conscient de ma dépression et je m’efforce de m’occuper comme je peux, mais j’ai beaucoup de mal à me lever, à trouver une simple raison de le faire.
Toujours pas la moindre lumière à l’extérieur. Le fond de l’air est glacial et la poussière et la suie tournoient comme des insectes aveugles.
Pour couronner le tout, ma vue se trouble et il me semble percevoir de moins en moins les couleurs. Tout est fade, tout est triste. Le monde est mort et je ne comprends pas pourquoi je persiste à survivre. Je sens que je me noie dans une sorte de trou noir. (Il persiste dans cette voie et semble avoir possédé un jour la Vision… troublant)
Je dois me reprendre, mais je ne sais vraiment pas comment. Je n’en peux plus d’être ici. Je n’arrive ni à manger, ni à dormir, ni à empêcher mes mains de trembler. Dès que le soleil se lèvera, je quitterai cet endroit.
Mais je n’ai aucune idée du moment où cela arrivera…
 
 
11 juillet 2021
Je viens de revenir du supermarché et je viens également de répondre à la sempiternelle question que je me posais depuis le début !
Il dit s’appeler Léo et a presque sept ans. Je l’ai trouvé, errant et déguenillé dans une réserve du supermarché. Je suis impressionné par ce petit garçon et j’ai du mal à croire qu’il ait pu survivre tout ce temps, mais il est, en ce moment présent, face à moi et il est la preuve de l’incroyable capacité de survie des humains. (en effet, rares sont les témoignages de cette époque évoquant la survie des enfants)
Il m’a fallu, tout de même, faire preuve d’une infinie patiente afin de l’approcher, l’enfant semblait être redevenu, mais qui l’en blâmerait, totalement sauvage. Afin de ne pas lui faire peur, je me suis assis près de la porte de la réserve dans laquelle il se terrait et doucement je lui ai posé plusieurs questions, tout en essayant de le rassurer sur mes intentions. En définitive, il a accepté de me suivre, car le caddie que j’avais rempli lui prouvait que je n’avais aucune intention de le manger, comme il le redoutait tant.
Arrivé dans mon antre, il me raconta alors son histoire. Une histoire bien triste, mais le contraire aurait été étonnant vu le contexte. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture provoqué apparemment par le père. Ils fuyaient la ville et tentaient de rallier la maison de sa grand-mère. Il s’était alors retrouvé à errer dans les rues désolées et il fut chanceux de se réfugier dans ce supermarché avant que les bombes n’éclatent. Ne sachant que faire, il décida de rester dans le magasin jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à manger. Et cela faisait bientôt trois mois qu’il en était ainsi.
Égoïstement, j’aurais préféré rencontrer quelqu’un de plus âgé afin de pouvoir échanger intellectuellement, mais je remercie le ciel ou qui que soit de m’avoir croisé son chemin.
 
(L’équivalent de deux feuillets parfaitement illisibles)
 
2 septembre 2021
Il fallait bien que cela arrive. Nous sommes arrivés à liquider tous les vivres encore comestibles qui trainaient encore dans le supermarché. Cela n’aurait qu’une incidence secondaire si Léo n’était pas tombé malade. Cela fait trois jours qu’il a de la fièvre et je ne parviens pas à identifier sa maladie. Cela n’a pas l’air d’être une grippe. Il ne se plaint pas, mais il ne dit pas grand-chose non plus. Il semble extrêmement fatigué. J’ai des scrupules à le laisser seul, mais il va bien falloir que je parte en quête de médicaments.
 
4 septembre 2021
Malgré les médicaments que j’ai pu trouver, l’état de Léo se détériore. Nous n’avons plus rien à manger, mais il nous reste encore un peu à boire. Il gémit constamment. Je ne sais pas quoi faire pour le guérir. J’espère que cela va passer. (illisible)
Il faut que je sorte à nouveau, mais je redoute de le laisser seul.
 
7 septembre 2021
Léo est mort. Je n’ai vraiment rien pu faire. Je l’ai veillé jusqu’à son dernier souffle et j’espère qu’il n’a pas trop souffert, mais j’en doute.
Me voilà à nouveau seul dans les ténèbres.
 
9 septembre 2021
J’ai parcouru des kilomètres pour trouver de quoi manger, mais je rentre sans avoir rien trouvé. Je me sens faible et j’ai terriblement faim. J’ai si faim que je n’arrête pas de penser au garçon que je dois enterrer sous peu. Il est là, en face de moi. Je l’ai recouvert d’un drap qui fait office de linceul.
Plus j’y pense, plus je me demande si je dois l’enterrer.
J’ai faim, j’ai vraiment faim.
 
(illisible)
 
Ici s’achève la partie lisible du manuscrit. De nombreuses interrogations demeurent quant à la véracité de ce texte, mais rien ne peut infirmer la qualité des temps pénibles que durent vivre les survivants de la Chute.








Hugo Dray
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