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Aramis
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"Tempête" de Natacha Fleury Empty "Tempête" de Natacha Fleury

Sam 1 Mai - 19:51
—      Chef ! Il y a des gens ici !
L’équipe de commandos se dirigea alors vers les cellules du fond. Le feu avait déjà embrasé la plus grande partie du bâtiment, seuls les murs tenaient encore debout. L’opération ne devait pas comprendre le sauvetage d’individus, mais une fois sur place, le commando avait remarqué qu’il y avait des humains retenus en otage par ces maudites machines. Un phénomène bien étrange, car elles n’étaient pas programmées pour faire des prisonniers. Le bâtiment servait à coordonner la communication entre les différentes bases des robots. Ces derniers n’avaient pas la même logique que les humains, mais il restait cependant bizarre de trouver des gens dans cet endroit.
Le chef du commando, Alaric, un homme d’une quarantaine d’années, donna l’ordre de faire exploser les grilles des cellules. Dans deux d’entre elles, les personnes étaient déjà mortes, asphyxiées par la fumée de l’incendie. Dans la dernière, une jeune femme terrifiée était recroquevillée dans un coin, épargnée comme par miracle.
—      Viens, n’aie pas peur, nous ne sommes pas eux, la rassura Alaric.
La jeune femme, en s’apercevant que ce n’étaient pas ses geôliers habituels, finit par se lever. Elle tituba en voulant rejoindre Alaric et manqua de s’étaler sur le sol. La fumée s’était à présent immiscée dans la cellule, rendant l’air de plus en plus irrespirable. Alaric se précipita vers la jeune femme avant que celle-ci ne tombe à terre et l’aida à quitter les lieux.

***


Cinq années plus tard, la jeune femme était devenue l’une des principales responsables dans la lutte contre les robots. Accueillie par Alaric lorsqu’elle avait à peine vingt ans, Tina avait suivi un entraînement intensif et s’était révélée être l’une des meilleures stratèges en matière d’ingénierie. Depuis un an maintenant, elle faisait partie intégrante du groupe d’Alaric, et d’ici une semaine, elle pourrait participer à sa première mission sur le terrain. Jusqu’à présent, elle n’avait fait que superviser les opérations depuis leur quartier général.
—      Alors, nerveuse ? demanda Lucas, un membre du commando.
Tina haussa les épaules. Lucas lui asséna une tape amicale dans le dos avant de quitter la cafétéria. La jeune femme le suivit du regard avant de se replonger dans ses calculs. Le but de l’opération était simple : court-circuiter une des bases réseau des robots. Tina avait reçu le plan détaillé du bâtiment quelques jours plus tôt afin de se préparer à la mission.
En l’an 2050, l’Homme avait créé des robots humanoïdes capables de gérer les travaux les plus pénibles. Travailler sur les lignes à haute tension, surveillance permanente des centrales nucléaires ou électriques, entretien de maison, de voirie, etc. Tout semblait se dérouler parfaitement, jusqu’au jour où une mise à jour de ces robots vint leur inculquer le concept de protection. Le principe était pourtant inoffensif, ils devaient simplement faire attention à l’environnement qui les entourait pendant leurs tâches quotidiennes, mais les robots virent en l’Homme la plus grande menace de la planète et depuis ce jour, leur unique but fut d’anéantir l’espèce humaine pour la protection de la Terre. Seule une poignée d’humains put échapper à leur première vague dévastatrice et certains d’entre eux établirent un refuge dans un ancien volcan. Cet abri se développa avec le temps et ils finirent par le baptiser Superstes - la ville des survivants. Elle était idéalement située pour éviter les robots. Ces derniers ne réfléchissaient pas comme les humains et ils leur étaient inconcevables que l’on puisse vivre dans un volcan, tant bien même que celui-ci soit inactif. D’autres lieux similaires existaient dans le monde et les hommes avaient installé un système de commerce où ils s’échangeaient vivres, matériels et informations. Depuis la Rébellion des machines, un siècle s’était écoulé et les Hommes tentaient tant bien que mal de survivre sur cette Terre devenue hostile où l’être humain n’était plus le bienvenu. Chaque sortie hors de Superstes devait être planifiée à l’avance pour ne rien laisser au hasard. Même si les robots avaient quelque peu mis de côté la chasse à l’homme ces derniers temps, ils n’en restaient pas moins extrêmement dangereux.
Ce matin-là, le commando d’Alaric partit tôt du quartier général. Une vingtaine d’hommes composait l’équipe. Qu’ils soient techniciens, soldats ou ingénieurs, ils avaient tous une arme à impulsion électromagnétique sur eux si les choses tournaient mal.
—      Je vous rappelle l’objectif : détruire coûte que coûte leur système réseau. Le bâtiment se trouve sur une colline. Il nous sera donc très difficile de passer inaperçus. Vous deux, dit Alaric en désignant deux soldats, vous ferez diversion en passant par le nord. J’entrerai par la porte principale pour ensuite attirer les robots à l’extérieur. Pendant ce temps, Tina et Lucas iront désactiver leur système. Vous autres, vous irez sécuriser le périmètre. Tout est clair ? Bien, bonne chance à tous !
Une fois la Jeep arrêtée, les membres du commando se dispersèrent. Le chauffeur les avait laissés à un kilomètre du site, afin qu’ils restent discrets le plus longtemps possible.
Tina et Lucas suivirent Alaric avant d’attendre en retrait que celui-ci ait mis son plan à exécution. Le bâtiment était entouré de remparts d’une dizaine de mètres de hauteur et à chaque angle, une sentinelle montait la garde. Rien qu’à leur vue, Tina et Lucas frissonnèrent. Les robots avaient tous été, à l’origine, créés à l’image de l’homme - une tête, deux bras, deux jambes, un buste -, avec en plus une peau artificielle pour leur donner un côté plus « humain ». Mais après la Rébellion, les machines avaient remodelé leur apparence, afin de la rendre plus efficace dans leurs tâches quotidiennes. Elles supprimèrent la peau artificielle et les paupières, se rendant ainsi plus terrifiantes avec un corps tout en métal et de grands yeux vides toujours en alerte. Elles agrandirent également leurs membres et leur taille, pour optimiser les travaux en extérieur.
Quelques minutes plus tard, Tina et Lucas virent sortir Alaric, deux robots sur ses talons. Les sentinelles sur les murs avaient également été appelées ailleurs, car elles quittèrent leurs postes.
—      À nous de jouer, dit Lucas en s’élançant vers la porte principale.
Tina et Lucas passèrent la première porte donnant sur une immense cour qu’ils traversèrent avant d’atteindre le bâtiment. L’intérieur était entièrement composé de matériel informatique. Il y avait des écrans, des câbles et des boutons sur chaque mur.
—      Fais ce que tu as à faire et fichons le camp ! lança Lucas.
Il se posta face à la porte et la mit en joue avec son arme à impulsion électromagnétique. Jusqu’à présent, seules ces ondes électromagnétiques permettaient de stopper temporairement les robots, car avec les années, ceux-ci s’étaient fabriqués des carapaces en des matériaux si résistants qu’aucune autre arme n’avait encore réussi à les détruire. Tina entreprit de chercher le générateur qui alimentait le réseau du bâtiment. Elle monta de deux étages et tomba nez-à-nez avec un robot. Il mesurait dans les deux mètres, avait la taille d’un homme, mais tout son corps était constitué de ce métal quasi indestructible. Face à lui, Tina se figea, pétrifiée. Elle n’avait aucun souvenir de sa détention chez les robots et même sa vie d’avant lui paraissait floue, mais elle eut un sentiment étrange lorsqu’elle posa son regard sur les yeux métalliques de cet humanoïde. Elle n’aurait su dire si c’était du malaise, de la peur ou même de l’empathie. Elle resta là, sans bouger devant l’un de ces robots qui anéantissait l’espèce humaine. Pensant que sa dernière heure était arrivée, elle ferma les yeux et se ratatina sur elle-même. Tous ces entraînements au quartier général n’avaient servi à rien. Sur le terrain, Tina était totalement démunie.
Les secondes passèrent et Tina se surprit à être toujours en vie. Après un certain temps, elle se risqua à ouvrir les yeux. Le robot n’était plus là. Elle scruta la salle et l’aperçut devant un écran à quelques mètres d’elle. Comme si elle n’existait pas. Elle profita de sa chance et se releva prudemment, dégoupilla la petite bombe électromagnétique. D’un geste vif, elle la lança dans un coin de la pièce, rebroussa chemin à pas de loup et rejoignit Lucas à l’entrée.
Un bourdonnement suivi d’un sifflement aigu se fit entendre. Mission accomplie. Tina et Lucas quittèrent le bâtiment, satisfaits de leur travail. Alaric et les autres membres du commando les attendaient un peu plus loin et des soldats étaient placés tout autour du bâtiment.
—      Bon travail vous deux, lança Alaric.
La jeune femme fit un rapide compte-rendu - en omettant volontairement de parler du robot qui l’avait ignorée - quand un hurlement leur parvint de l’autre côté de la cour. Un instant plus tard, un soldat apparut à l’angle en courant. Il était couvert de sang.
—      Les robots… Ils ont eu Kevin. Je n’ai rien pu faire. Ils nous sont tombés dessus de nulle part.
—      Merde ! Restez sur vos gardes. Toi, donne l’alerte, on s’en va maintenant !
La porte des remparts s’ouvrit avant même qu’ils n’aient pu s’en approcher et une demi-douzaine de machines pénétrèrent dans l’enceinte. Toutes étaient armées.
—      À couvert ! hurla Alaric.
Mais la première ligne du commando reçut une salve de balles avant d’avoir pu faire le moindre geste. Quatre hommes tombèrent. Le reste du groupe eut tout juste le temps de plonger sur le côté pour se mettre à l’abri des tirs. Alaric beugla des ordres, mais le bruit de balles couvrait le son de sa voix. Le commando devait attendre que les robots rechargent pour contre-attaquer. Il leur était impossible de tenter quoi que ce soit pour l’instant. Tina, qui s’était réfugiée derrière un container rempli de composants informatiques, jeta un rapide coup d’œil vers les machines. Ces dernières s’alternaient pour recharger leurs armes, ce qui ne laissait au commando aucune chance de passer à l’acte. Il leur fallait une solution, et vite. Ils n’avaient pas d’autres bombes électromagnétiques, et bien qu’elles soient relativement stables, elles ne devaient être utilisées que pour neutraliser les bâtiments afin de rendre obsolète les appareils informatiques et électroniques. Parfois, il arrivait qu’un feu se déclenche à cause du court-circuit, mais cela ne se produisait que très rarement. D’où elle était, Tina pouvait facilement regagner le bâtiment sans être touchée. Elle détailla une nouvelle fois les robots et s’aperçut que trois d’entre eux n’étaient plus là. « Ils font le tour ! » pensa-t-elle avec horreur. Elle se tourna vers Lucas, le seul qu’elle avait en visuel. Il était en très mauvaise posture et elle lui lança un petit caillou pour attirer son attention. Elle mima rapidement ce qu’elle venait de voir. Lucas gesticula avec énervement, il ne pouvait rien faire de là où il était. Le temps passait et les tirs des robots étaient toujours incessants.
Une peur quasi incontrôlable prit possession de Tina et elle mit quelques secondes avant de rassembler toutes ses forces et de se diriger vers le bâtiment en restant accroupie. La jeune femme, maintenant devant la porte, réfléchit un instant. Elle inspira profondément. Si ce qu’elle avait vécu tout à l’heure dans les étages était pareil pour toutes ces maudites machines, elle pouvait tenter quelque chose.
Soudain, les tirs cessèrent. Alaric et ses soldats sortirent de leurs cachettes. Tous les robots étaient à terre, grâce au court-circuit qu’ils venaient de recevoir. Tina se tenait au milieu de ce chaos, son arme encore fumante.
—      Comment est-ce que tu as… ? commença Lucas.
—      Merci Tina, tu nous as sauvés, le coupa Alaric.
La jeune femme lui sourit. Elle avait pourtant le sentiment que quelque chose n’allait pas. Et l’expression qu’Alaric avait tenté de dissimuler en quittant les lieux avait confirmé ses soupçons. Une chose étrange s’était produite aujourd’hui, et personne n’était capable de l’expliquer.

***


Un soir, Alaric rassembla dans le réfectoire tout le commando, soit une cinquantaine d’hommes. Il avait une annonce à faire. Tina s’assit à côté de Lucas et ils attendirent que leur chef prenne la parole. Alaric se leva et monta sur une chaise afin que tous puissent le voir.
—      C’est le grand jour !
Des cris de joie retentirent dans la salle. Tina se tourna vers Lucas.
—      C’est le grand jour pour quoi ? demanda-t-elle.
—      Comment ça pourquoi ? Tu te moques de moi ?
Devant le regard interrogateur de la jeune femme, il poursuivit.
—      Aujourd’hui, nous avons gagné !
La jeune femme, ne se sentant pas à l’aise devant toutes ces personnes euphoriques, préféra quitter la salle. Elle se dirigea vers le grand feu de camp qui était allumé chaque soir et se posa sur un banc.
Tina laissa son esprit vagabonder par cette belle nuit étoilée. Pourquoi n’arrivait-elle pas à se souvenir de cet évènement si important ?
—      Je pensais te trouver ici.
Alaric vint prendre place à ses côtés. Plusieurs minutes s’écoulèrent sans que l’un d’eux ne dise un seul mot. Ce furent les hurlements provenant du réfectoire qui vinrent briser le silence. La jeune femme se tourna vers lui et remarqua qu’il avait les yeux brillants de larmes. Soudain, toutes les lumières de la ville s’éteignirent au même moment.
—      Qu’est-ce que…
Tina fut incapable de terminer sa phrase et tomba à terre, les yeux grands ouverts. Le ciel était étrangement lumineux, malgré l’absence de lune. Elle aperçut le visage d’Alaric se pencher au-dessus d’elle, puis celui de Lucas.
—      C’était donc vrai… dit ce dernier.
—      J’en ai peur, oui. Ne la laissons pas là, viens aide-moi.
Tina se sentit portée, malgré ses membres engourdis. Ils traversèrent la ville coupée d’électricité et allongèrent la jeune femme sur un lit dans l’une des chambres de l’infirmerie. Une lueur apaisante flottait dans l’air grâce aux quelques bougies qui éclairaient la pièce.
—      Qu’est-ce… qui… m’a… m’arrive ? articula Tina avec peine.
Le chef du commando s’assit à côté de la jeune femme. Elle était totalement paralysée. Avait-elle été empoisonnée ?
—      J’aurai aimé avoir tort. Mais je me trompe rarement, commença Alaric.
Il laissa planer un long silence avant de poursuivre.
—      Cette nuit est celle que nous attendions tous depuis de nombreuses années. Cette nuit a eu lieu la tempête solaire la plus puissante que la Terre n’ait jamais connue. Si puissante que son pouvoir magnétique a tout arrêté. Absolument tout. Centrale électrique, satellite en orbite, antenne radio, tout. Et même si nous sommes retournés des siècles en arrière, nous sommes libres maintenant. Tina, tous les robots sont tombés ! Il nous était impossible de créer une arme pour les détruire, mais quand nous avons appris que cette tempête allait arriver, nous avons décidé de tout mettre en œuvre pour que cela reste un mystère le plus longtemps possible. D’où l’utilité de court-circuiter toutes leurs bases réseaux, météo et de communication, afin qu’ils ne puissent jamais prévoir cet évènement solaire.
Elle remarqua que le timbre de sa voix tremblait légèrement par l’émotion.
—      Pourquoi… je… bouger ?
—      Parce que tu es l’une d’entre eux, Tina. Tu es leur version 2.0. Je ne comprends pas pourquoi ils t’ont fait à moitié humaine… et sans mémoire.
Tina eut envie de rire et d’hurler en même temps. C’était impossible ! Elle était humaine ! Comment pouvait-il en douter une seule seconde ?
—      Je… suis… humaine !
—      J’aimerais pouvoir le croire. Alors juste une question. Comment avais-tu appelé la première poupée que tu as reçue étant enfant ?
—      Je… ne sais pas ! S’énerva Tina.
—      Chef, pourquoi cette question si puérile ? demanda Lucas.
—      Réfléchis, si les machines avaient créé un humanoïde 2.0 à partir de cellules humaines et en y implantant leurs technologies ainsi que leurs matériaux spéciaux, ils n’auraient jamais pensé à lui inculquer une véritable enfance. Par exemple, elle pourrait se souvenir de ses parents, ses amis, son chat et même des cours qu’elle aurait suivis à l’école mais entre nous, toutes les petites filles donnent un nom à leur poupée. C’est ainsi. Tu vois où je veux en venir ?
Tina voulut bouger, en vain. Elle était humaine ! Est-ce qu’ils étaient totalement stupides pour ne pas le remarquer ?
—      Tu veux dire qu’elle aurait été créée par les robots ? Mais dans quel but ? Ça n’a pas de sens, elle venait de la ville de Spes qui a été détruite par les robots, et c’est là qu’elle a été capturée.
—      Spes a effectivement été détruite, mais il y a cinquante ans ! J’ai fait quelques recherches après l’épisode de la base réseau…
Un nouveau silence s’installa. Tina sentit la panique la gagner. Cela ne pouvait pas être possible ! Elle avait un cœur qui battait - le médecin du commando les auscultait régulièrement - un estomac, elle mangeait, allait aux toilettes, pleurait et saignait comme toutes femmes ! Quelle idée stupide de penser qu’elle était à demi-robot ! Mais pourtant, au fond d’elle, elle avait déjà eu un doute sur son identité. Pendant sa première mission sur le terrain, quand elle était tombée face à ce robot. Il n’avait pas réagi. Il l’avait ignorée. Elle avait d’abord cru qu’il avait eu un dysfonctionnement, mais en y repensant, il avait agi comme si elle était l’une des leurs. Et même lorsqu’elle avait court-circuité tous les robots de la base, ils ne s’étaient même pas retournés vers elle, alors qu’elle s’était tenue à quelques mètres et qu’elle les avait mitraillés d’ondes électromagnétiques.
—      N’y aurait-il pas un moyen plus… scientifique de démontrer ça ? demanda Lucas.
—      Un scanner, je ne crois pas qu’elle en ait déjà passé un.
—      Je vais… mourir ? murmura Tina.
—      Je suis désolé, dit Alaric en la regardant dans les yeux.
Il avait l’air sincèrement touché par la situation. Des larmes se mirent à couler sur le visage de la jeune femme. Elle finit par ne plus réussir à parler, et même un simple son ne passait plus ses cordes vocales. Sa vision devint floue, puis s’assombrit jusqu’à ce que le noir s’installe définitivement. Sa respiration et son pouls s’étaient eux aussi arrêtés, et pourtant, elle entendait encore Lucas et Alaric discuter.
—      Incroyable ! Tous ses organes sont reliés entre eux par des câbles photoniques ! Rien n’est vivant là-dedans ? Regarde. On dirait pourtant des cellules.
—      Des nanoparticules ? Des cellules bioniques ? Difficile à dire.
—      Mais pourquoi auraient-ils créé une sorte d’intelligence artificielle dans un corps mi-humain mi-machine ?
—      C’est peut-être une erreur, elle aurait peut-être dû accomplir une mission, mais elle ne s’en souvient pas. Sa mémoire bionique a sûrement grillé, regarde la tache sur l’écran, là. Tout ce dont elle se souvenait de sa vie d’avant était son prénom et Spes. Je n’en sais rien. Et nous ne le saurons jamais.
—      Ce fut un honneur Tina de Spes d’avoir combattu à tes côtés, dit solennellement Lucas.
Leurs voix se firent de plus en plus lointaines, jusqu’à s’éteindre complètement. Dans son dernier instant de vie, elle sourit intérieurement, heureuse d’avoir partagé cinq années aux côtés de gens merveilleux que ce soit en tant que machine ou humaine. Puis, elle cessa à jamais d’exister.




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