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"La perle de la connaissance" de Nadège Carlesso Empty "La perle de la connaissance" de Nadège Carlesso

Sam 1 Mai - 21:12
Sous une pluie battante, j'arrivai sur la scène de crime, où je pus constater à nouveau de la singularité du meurtre qui avait été commis ici. Pour la cinquième fois en seulement trois semaines, je découvris la victime, un homme, baignant dans une mare de sang, qui, s'était étendue et mélangée à de la boue en raison de la pluie battante, sa poitrine était ouverte, le cœur et le foie manquants. Je n'avais pas le début de la moindre piste dans cette affaire qui sortait de l'ordinaire. L'état du corps laissait même à douter qu'il s'agisse là de l’œuvre d'un être humain. La mort de la première victime avait d'ailleurs, dans un premier temps, été attribuée à un animal, mais l'hypothèse s'était effondrée avec la découverte d'un deuxième corps.
Cette fois-ci, pourtant, une différence notable me frappa. Alors que jusqu'à présent les victimes avaient toutes été retrouvées la bouche grande ouverte, la bouche de l'homme étendu, était ici fermée. Lorsque nous l'ouvrîmes, nous pûmes apercevoir au fond de la gorge de ce dernier, une perle immaculée en nacre. Avais-je enfin trouvé le premier indice qui me manquait ? La perle fut emportée par les services d'analyse afin d'être examinée, malheureusement, ils ne purent rien en tirer. J'entrepris donc de la faire expertiser par un antiquaire auquel je me référais souvent, afin d'en connaître l'origine.
Arrivée sur place, je sortis délicatement la perle de son sachet. Lorsque je la saisis, j'eus l'impression tout d'abord que la perle était d'une lourdeur sans pareille au creux de ma main. De plus, je fus en proie à un malaise soudain. Je n'entendis plus que le son de ma respiration s’accélérer. Je fus même en proie à une hallucination. En effet, je vis un épais brouillard sombre s'enrouler autour de mon corps, l'enserrer plus encore pour m'empêcher de bouger. Mon souffle en fut coupé, et peu à peu, je sentais ma force me quitter, je ne ressentais plus que des fourmillements aux bouts de mes membres. Perdue dans cette illusion, j'étais comme hors de mon corps. Ce n'est que lorsque l'antiquaire haussa la voix pour m'appeler que je repris mes esprits. Celui-ci semblait m'appeler depuis un moment déjà. L'enquête éprouvante de ces dernières semaines avait laissé sur moi des marques profondément ancrées, épuisée moralement et physiquement, j'étais à bout, et je commençais à perdre pied. Lorsque cette enquête serait terminé, j'aurais certainement besoin de prendre un peu de repos et de recul afin de retrouver toutes mes capacités.
Après être parti durant de longues minutes pour ses recherches, l'antiquaire revint vers moi.
– La perle que vous avez trouvée, est communément appelée “perle du renard”, “yeowu guseul” dans la langue d'origine. Selon la légende, cette perle serait la source du pouvoir du Gumiho, que vous connaissez peut-être sous le nom de renard à neuf queues. Il est dit que le Gumiho se métamorphose en être humain afin d'attirer ses victimes, et d'absorber leur énergie en plaçant cette perle dans leur bouche lors d'un baiser, avant de s'emparer de leur foie et leur cœur pour s'en repaître.
Voilà donc pourquoi j'avais retrouvé la perle dans la bouche de la victime. Je ne croyais évidemment en aucun cas à la légende décrite par l'antiquaire, mais je compris alors qu'il s'agissait  certainement là de l’œuvre d'un détraqué qui utilisait cette légende en guise de signature.
Après être passée au poste de police pour rédiger mon rapport, et déposer la perle dans le dossier des pièces à conviction, je rentrai chez moi, épuisée par tous les événements. Je me décidai à aller prendre une douche rapide, j'avalai ensuite un repas léger, et me couchai quelque temps après seulement, car j'étais exténuée. Depuis de longues semaines maintenant, je n'avais pas eu une seule nuit de vrai repos. En effet, mes nuits étaient remplies de cauchemars, d'épouvantables rêves où se mêlaient sang et horreur hantaient mon esprit. L'affaire récente sur laquelle je travaillais, m'avait, semblait-il, vraiment beaucoup atteinte. Certains matins, je me réveillai encore plus exténuée même que le moment où je m'étais couchée. Je m’allongeai dans le lit, mais peinai à trouver le sommeil. Il me fallut plusieurs heures avant d'y parvenir.
Je ne devais m'être assoupie que depuis quelques minutes à peine, lorsque je fus réveillée par des bruits étranges. J'eus en effet l'impression d'entendre un son de respiration haletante, à laquelle s'ajoutait un grognement rauque. Je me redressai rapidement afin de me retrouver assise sur le lit. Là, face à moi, un amas d'ombres épaisses flottait. Etais-je en train de rêver ? L'atmosphère de la pièce devint pesante, l'air se raréfia. A cela s'ajouta une odeur pestilentielle, qui émanait de l'agglomérat nébuleux, et qui manqua de peu de me faire rendre le peu que j'avais dans l'estomac. Alors que j'étais immobile, déstabilisée, et sous le choc de la scène qui se déroulait devant mes yeux, l'amas d'ombres se mit tout à coup en mouvement, elle commença petit à petit à se métamorphoser en une forme reconnaissable, semblable à un animal. Une épaisse fourrure hirsute, et sombre recouvrant l'intégralité du corps nouvellement formé apparut. Ensuite, un long museau saillant se dessina, il fut suivi par l'apparition de deux grandes oreilles pointues qui prirent place au sommet de ce qui était maintenant une tête, puis, quatre longues pattes aux griffes acérées s'enfoncèrent par la suite dans le parquet de ma chambre, et provoquèrent un bruit strident qui fit vibrer mes tympans de douleur. Pourtant, malgré tout cet aspect terrifiant, ce n'était rien de tout cela qui attira le plus mon attention. En effet, accrochées à la croupe de la bête, de multiples queues flottaient, et fouettaient l'air avec vigueur et force. Déployées à travers la pièce, elles occupaient tout l'espace, je pus en compter neuf, leurs extrémités étaient quant à elles rouge comme le sang. De ces dernières émanait une aura de puissance, mais aussi de chaos. Comme si un simple mouvement de leur part pourrait détruire tout ce qui les entourait. Le mouvement de ces dernières rendait l'air plus pesant, mon corps était de ce fait alourdi, incapable d'effectuer un seul geste, comme fusionné avec le lit. Étrangement, la physionomie de la créature ne me semblait pas étrangère. Malgré l'état de perturbation dans lequel je me trouvais, je retrouvai le chemin de la raison, et je compris alors que mon imagination était certainement en train de recréer là, dans un rêve, le renard de la légende dont m'avait parlé l'antiquaire un peu plus tôt, le Gumiho.
La bête, qui n'avait jusqu'alors effectué aucun mouvement, poussa soudain un hurlement qui me glaça le sang, et me pétrifia d'horreur, j'étais envahie par la peur. Cela sembla si réel. Puis, l'obscure entité commença à avancer lentement vers moi, chacun de ses mouvements dégageait une puissance ténébreuse qui emplissait la pièce d'une force maléfique hostile à tout mon être. Le bruit des pas résonnait avec fracas dans ma tête, je me bouchai les oreilles par réflexe, mais cela n'y changea rien, comme si le son s'était directement insinué au plus profond de mon crâne. Bientôt, l'animal avait atteint le rebord de mon lit. Me trouvant toujours dans l'incapacité de bouger, je n'étais alors que spectatrice de la scène irréelle se déroulant devant moi. Alors qu'il n'était désormais qu'à quelques centimètres de mon visage, l'être, ouvrit sa gueule, et laissa apparaître de longs crocs affûtés. Son haleine, pourtant brûlante, refroidit en l'espace d'un instant l'intégralité de mon corps. Tout en parvenant jusqu’à moi, j'eus l'impression qu'elle s'enroulait progressivement autour de mon corps telle une cage invisible. Mon corps était désormais recouvert de frissons. Chacun de mes sens était malmené, torturé, par tout ce qui provenait de l'être en face de moi. Les yeux de la bête, noirs et perçants, dégageaient une certaine lueur de satisfaction, comme si la peur qui m'habitait ne faisait que nourrir la force, et l’ego de l'animal. Il s'approcha de mon oreille.
– Tu sais tout comme moi, qu'il vaut mieux pour toi que tu restes à ta place, et me laisser agir à ma guise.
La voix de l'entité était grave, rocailleuse, terrifiante. Ses mots résonnèrent tel le présage d'un funeste destin si je ne répondais pas à ses attentes. Il s'agissait là d'une mise en garde. L'instant d'après, la créature avait disparu.
Le lendemain, je me réveillai difficilement, la nuit n'ayant été d'aucun repos. Aussitôt, néanmoins, le souvenir de mes divagations nocturnes me revint en mémoire. J'observai autour de moi, tout était comme à l'habitude. Je me persuadai donc qu'il ne s'agissait là que d'un mauvais tour joué par mon subconscient, qui avait rendu un simple cauchemar si réaliste, si réel que j'avais eu l'impression de ressentir chaque sensation comme si j'étais éveillée. Je sortis péniblement du lit, et avançai afin de rejoindre la cuisine. Je fus pourtant stoppée net en chemin, par la vision de la perle de nacre posée sur la commode de ma chambre. Comment avait-elle pu se retrouver ici ? J'étais pourtant persuadée de l'avoir déposée dans le dossier avec les pièces à conviction.
Plus tard, lorsque j'arrivai au commissariat, la première chose que je fis, fut d'aller vérifier le sachet censé contenir la perle. J'avais espéré m'être trompée, mais comme je m'y attendais, le sachet était vide. Etait-ce lié à mon apparition nocturne ? Cela n'avait-il vraiment été qu'un rêve? Avais-je simplement oublié de remettre la perle en place ? Pourtant, je fis appel à ma mémoire, et je remémorai parfaitement la scène de la veille, me revoyant déposer la perle dans le sachet. Mon esprit fut en proie à de nombreuses interrogations. Je remis la perle en place, et revérifiai deux fois, afin, cette fois-ci, d'être sûre de moi. Je rejoignis ensuite l'extérieur pour les besoins de l'enquête. Alors que je marchais, j'eus l'impression de ne pas être seule dans mes déplacements, comme si j'étais suivie, pourchassée, l'anxiété s'empara alors de moi. Je sentais tout autour de moi, comme des forces malfaisantes, qui se pressaient contre chacun de mes membres. Mon corps était une nouvelle fois lourd, j'avais parfois du mal à reprendre ma respiration. J'avais le sentiment de me déplacer à l'intérieur d'obscurs abîmes, prisonnière de l'étreinte d'un être malveillant. Je m’efforçai pourtant de continuer à marcher, jusqu'à ce que sur le sol, je crus apercevoir, l'espace d'un bref instant, l'ombre de neuf queues qui s'agitaient dans un va-et-vient frénétique. Je me retournai, il n'y avait rien autour de moi. Pourtant, l'instant qui suivit, j'entendis le son d'un grognement étouffé résonner à mes oreilles. Je restai hébétée sur place. Tout ceci était-il le fruit de mon imagination et de la fatigue ? J'avais le sentiment que tout avait commencé lorsque j'avais trouvé la perle. Etais-je maudite ? Hantée ? Se pourrait-il que je sois la cible d'une obscure malédiction pour m'être mise en travers de chose que je ne comprenais pas ? Non ! Cela ne se pouvait, de telles choses n'existaient pas, et n'étaient que le fruit d'histoires inventées. J'étais bien trop terre à terre pour croire à cela. Je ne devais pas me laisser emporter par l'épuisement général qui avait affaibli mon esprit au point qu'il me joue de tels tours. Après cet événement, j'eus de nouveau la sensation d'être seule avec moi-même le reste de la journée et continuai d'enquêter. Je me r            enseignai sur la nouvelle victime, et tentai de trouver de nouveaux éléments. Je fis aussi des recherches sur la légende du Gumiho, à la recherche de personnes obsédées par cette dernière, qui auraient pu l'utiliser comme signature des meurtres. Malheureusement, comme les trois semaines précédentes, je me heurtai à l'échec, rien ne me permit de trouver le moindre suspect. Je rentrai chez moi désespérée, perdue et pessimiste quant à la suite de tout cela.
Le soir venu, je retrouvai avec angoisse le chemin de ma chambre, j'étais même paniquée à l'idée de fermer les yeux de peur de faire face à nouveau à une vision horrifiante. Malgré tout, étant totalement épuisée physiquement et mentalement, je fus rapidement envahie par le sommeil, et m'écroulai de fatigue. Je ne sais combien de temps avait duré mon sommeil, lorsque je fus réveillée en sursaut par un son bruyant, et étourdissant. Le bruit parasite, et assourdissant, envahit ma tête et mes pensées. Je me levai subitement, et me retrouvai à nouveau face à l'abominable créature de la veille. Je pus observer que l'horrible bruit provenait de ses griffes qu'il faisait glisser le long de la porte de ma chambre comme pour m'intimider.
– Pourquoi me pourchassez-vous ? hurlai-je
– Tu n'as pas su rester à ta place comme je te l'avais conseillé
Je n'eus même pas le temps de répondre qu'en un bond, l'épouvantable créature était arrivée jusqu'à moi. Je sentis alors une douleur vive, et aiguë au niveau de ma gorge. Ce n'est que lorsque j'abaissai la tête, que je vis les crocs de la bête plantés dans ma gorge. Il resserra plus encore son étreinte, je sentis alors le flot de mon sang jaillir de par les orifices percés par les dents affûtées. Petit à petit, le souffle de ma vie semblait s'évaporer. Les queues du renard allaient et venaient, s'agitant, et grandissant plus encore au fur et à mesure que mon énergie me quittait, comme si elles se nourrissaient de ma force vitale. En peu de temps, je tombai sur le sol, inerte, dans une flaque formée par mon propre sang. Mon esprit commença progressivement à s'embrumer, je ne ressentais plus aucune douleur, je ne ressentais plus rien. Je plongeai alors dans un brouillard épars et sombre, dont, j'en étais sûre je ne ressortirai plus.
Le matin suivant, je me réveillai dans mon lit, immédiatement, je portai mes doigts à mon cou qui était intact. Je me penchai, la flaque de sang de la veille avait disparu, il en était de même pour les griffures sur la porte de ma chambre. Aucune trace, aucun témoin de la terreur que j'avais vécu dans la nuit. Etais-je en train de devenir complètement folle ? Je me levai, et fus ébahie lorsque je trouvai à nouveau la perle posée sur ma commode. Il était certain qu'il ne s'agissait pas là de mon imagination, j'étais maudite j'en étais désormais assurée. Perdue, désemparée, je rejoignis mon lit, éteignis mon téléphone, et demeurai ainsi prostrée dans l'obscurité toute la journée, et la nuit qui suivirent. Le jour suivant, à mon réveil, j'étais vidée de toute énergie, je ne me rappelai pas m'être endormie, et tous mes membres étaient endoloris comme à la suite d'un effort colossal. Pourtant, cette nuit-là, je n'avais reçu la visite d'aucune créature monstrueuse dans mes rêves. Je rallumai mon téléphone, et me rendis compte que j'avais manqué de nombreux appels. Le premier que j'écoutai datait de quelques minutes à peine. Il m'indiquait que le matin même, un nouveau corps d'homme avait été découvert dans les mêmes circonstances que les cinq derniers. Je laissai tomber mon téléphone, et plaçai ma tête entre mes mains, cela ne s'arrêterait donc jamais.
Soudain, alors que le silence emplissait les lieux, ma respiration résonna de manière étrange à mes oreilles, elle sembla plus forte, plus grave, plus intense.
– Je t'avais bien dit de me laisser faire. On s'amuse beaucoup plus lorsque je prends le contrôle, tu ne trouves pas ?
La voix fit écho dans ma tête comme si elle avait émané de mon propre esprit. Pourtant, je ne me trompais pas, il s'agissait là de la voix du renard qui m'était apparu à plusieurs reprises. Je levai la tête avec précipitation afin d'observer l'endroit où ce dernier avait par deux fois fait son apparition. Il n'y avait rien. La seule chose que je vis, fut mon propre reflet dans le miroir qui trônait face au lit. Je n'arrivai pas à comprendre. Que se passait-il maintenant ? Soudain, j'eus une étrange sensation de gêne intense dans la gorge. Je me raclai la gorge, mais rien ne changea, cela s'accentua au contraire.  Je me levai, et me retrouvai en une enjambée devant le miroir en question. J'ouvris la bouche, et fus abasourdie de voir posée au fond de ma cavité buccale, la perle de nacre. Je restai figée, cela me permit d'observer plus en détail mon reflet. Comment se faisait-il que je n'avais jusqu'alors jamais remarqué que mes canines étaient si acérées... Je ne pus en expliquer la raison, mais, mon instinct me poussa tout à coup à rejoindre la cuisine. Je courus vers le congélateur comme si je savais exactement où je devais me diriger, je l'ouvris, à l'intérieur de celui-ci, je pus apercevoir plusieurs foies, et plusieurs cœurs soigneusement emballés dont certains étaient déjà entamés.





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