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Aramis
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"Instincts primaires" de Chloé Castella Empty "Instincts primaires" de Chloé Castella

Dim 2 Mai - 16:45
Ce n’était pas censé se passer comme ça, pensait Sarah en regardant le docteur ouvrir la dernière boîte de conserve au-dessus de la fumée du bâton d’encens au bois de santal.
Tous les films de zombies avaient au moins ce point commun : les morts-vivants mangeaient les humains. Ils traversaient les rues en grognant, sentaient les odeurs et se repéraient à l’aide des bruits de l’activité humaine, ils formaient des hordes, mais le résultat était toujours le même : les humains se battaient pour ne pas être dévorés. Tout autre comportement allait à l’encontre de la logique de ces films. 
Une apocalypse zombie où les humains mouraient de faim, serrés dans un appartement miteux, ça n’avait aucun sens.
— Demain, on devra partir, soupira le docteur en répartissant le jus des tomates pelées qu’il venait d’ouvrir entre les cinq assiettes posées devant lui.
— Partir, et pour aller où ? Ils sont en train de tout piller. Il n’y aura plus rien ici, et partout où on est passés, c’était pareil. Ces créatures ne sont pas des zombies, ce sont… comme des sauterelles, en fait. Vous savez ? Comme les invasions qu’il y a dans les pays chauds. Elles viennent, mangent tout et partent en ne laissant que désolation derrière elles.
— Dans ce cas, il reste peut-être des endroits où ils ne sont pas encore allés.
Sarah soupira, attrapa son assiette et alla près de la fenêtre. L’odeur de l’encens lui coupait tout appétit, mais le couple avait assuré qu’elle les empêchait de sentir la nourriture et d’être attirés. De là où elle était, elle les voyait. Des cadavres qui parcouraient les rues, tenaillés par une faim que rien ne pouvait rassasier.
Le docteur la rejoignit à la fenêtre. De leur petit groupe de départ, ils étaient les seuls survivants et ils savaient tous les deux que le temps leur était compté. Cela faisait trop longtemps qu’ils parcouraient les routes dans une éternelle fuite en avant pour chercher la nourriture devenue si rare et si précieuse, dépensant la plupart du temps bien plus d’énergie dans leur espoir de survivre un jour de plus qu’ils ne pourraient en récupérer en dévorant leurs maigres trouvailles.
— En fin de compte, on ne vaut pas tellement mieux qu’eux. Nous avons exactement le même but, ironisa Sarah.
— Je t’ai déjà parlé de ma théorie ? Ce sont leurs instincts primaires qui les guident. C’est pour ça que c’est la nourriture qui les intéresse. Alors, oui, ils recherchent exactement les mêmes choses que nous, parce que nous sommes poussés, nous aussi, par l’instinct de survie.
— Eux, au moins, ils ne craignent rien. Ils ne mourront pas de faim ! Nous, en revanche…  
— Nous avons autre chose.
Une lueur étrange brilla dans le visage amaigri par les privations qu’il baissait vers la jeune femme, mais il n’en dit pas plus et se tourna vers leurs hôtes qui les regardaient. Le couple et leur garçon avait réussi, par un tour de force, à ne pas se faire repérer depuis le début de la crise. Ils avaient réuni suffisamment de provisions pour tenir sans mettre le nez dehors et ils avaient trouvé cette parade, avec l’encens. Ils vivaient presque normalement, jusqu’à ce qu’ils voient le fond de leur placard et que leur fils ne s’échappe pour tenter de trouver quelques provisions supplémentaires. Sarah et le docteur lui avaient sauvé la vie. Provisoirement, songea la jeune femme. Ils étaient tous en sursis, de toute façon.
— Qu’est-ce qu’ils font ? demanda l’homme, toujours assis sur son canapé.
— Que voulez-vous qu’ils fassent ? Ils se nourrissent… La question est surtout de savoir ce que nous, nous devrions faire.
— On pourrait rester ici, essayer de reconstruire, de faire pousser quelque chose ? suggéra la femme.
— Les survivants qui sont passés ici avant vous ont parlé d’un endroit, dans le Nord, ajouta l’homme. Un lieu toujours sous contrôle de l’armée, où ils ont réussi à protéger la nourriture qu’ils font pousser. A quelques jours de marche.
Sarah haussa les épaules. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait parler de ce genre d’endroits. Jusque-là, ça avait toujours été des rumeurs infondées et elle en avait assez de se battre pour quelque chose qui n’existait plus. Elle jeta un nouveau coup d’œil à la fenêtre : à ses pieds, deux zombies se disputaient une baguette de pain rassis, venant d’on ne savait où. Ils étaient bien plus forts que des humains pour trouver de la nourriture.
— Venez à la fenêtre. Vous les voyez, ces deux-là ? Vous avez remarqué comme la rue est vide, soudain, à part eux ? Si les autres sont partis, cela signifie qu’il n’y a plus rien dans les parages. Ils vont aller ailleurs et vous ne les reverrez plus ici avant qu’un autre groupe ne se ramène… Peut-être. Ils ont condamné cette ville aussi sûrement que s’ils avaient tué eux-mêmes ses habitants, et ils vont aller ailleurs, recommencer.
— Sarah, arrête…
— Non, il faut qu’ils sachent, qu’ils comprennent. Même si votre camp existe, il ne sera plus qu’un souvenir, le temps qu’on l’atteigne. Ils sont plus rapides que nous. Ils n’attaquent peut-être pas les humains lorsqu’ils n’ont pas de bonne raison de le faire, mais si l’un d’entre nous se met entre eux et leur nourriture, ils sont capables de tout.
— Nous savons cela, mais…
— Ecoutez-moi. Votre encens ne vous a protégé jusque-là que par miracle, parce qu’il y avait autre chose à manger dans les parages. Ils sentent la nourriture à travers les murs, à travers les champs, à travers tout, et ce n’est pas un petit bâtonnet de bois de santal qui va vous protéger. Vous savez pourquoi le monde est en ruine ? Parce qu’ils ont cru que l’armée suffirait, et qu’elle n’a pas suffi. Le camp a probablement déjà été rasé par une autre horde. Quant à rester ici et reconstruire…
— Sarah, laisse-les ! intervint le docteur en remarquant les larmes qui coulaient sur le visage de la femme et le regard glacé de l’homme.
Il était impossible de l’arrêter. Cela faisait trop longtemps qu’elle taisait ce qu’elle savait, ce qu’elle avait compris.
— Vous croyez pouvoir retrouver des graines quelque part, n’est-ce pas ? Ou peut-être espérez-vous capturer quelque cochon enfui d’un élevage, ou bien une ou deux poules ? poursuivit la jeune femme, impitoyable. Les graines, ils les ont dévorées, sinon ils ne seraient pas partis. Quant aux animaux… Ce sont les premiers qu’ils ont mangé. Il n’y a plus un seul animal d’élevage dans le coin. Il reste probablement quelques sangliers et quelques biches dans la forêt, dont la prochaine horde se chargera, et ensuite…
— Je vous en prie, arrêtez…
— Ensuite, quand il n’y aura plus de nourriture, plus d’animaux pour se rassasier, ils se tourneront vers la seule nourriture qu’ils ont dédaignée jusque-là. Nous. Au moins les films de zombie cesseront d’avoir tort sur la réalité, à ce moment-là. Sauf, évidemment, si nous sommes déjà morts, ce qui ne devrait pas tarder.
— C’est bon, tu as fini ? soupira le docteur en fronçant sévèrement les sourcils.
Le couple sanglotait dans les bras l’un de l’autre, serrant fort leur fils qui se cramponnait à eux.
— Il fallait qu’ils sachent, ils ne peuvent pas rester dans l’ignorance.
— Sarah, tu viens de leur retirer… De nous retirer à tous… la seule chose qui nous différenciait encore d’eux.
— Ah oui, et qu’est-ce que c’est ?
— L’espoir.
L’homme et la femme relevèrent vers eux des yeux terribles et tirèrent leur couteau en même temps :
— Non, vous avez tort. Il reste de la nourriture ici, dans cette pièce !






Michael Balian Louvion
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"Instincts primaires" de Chloé Castella Empty Re: "Instincts primaires" de Chloé Castella

Mar 4 Mai - 18:31
Quelques phrases mal tournées, a part ça l'idée n'est pas mauvaise, même si ce n'est pas non plus très originale, mais il aurait fallu un texte plus long pour faire monter crescendo le conflit entre les perso jusqu'à atteindre la chute ou alors démarrer directement par une ambiance beaucoup plus pesante dans le groupe. Ça aurait été pas mal aussi de creuser plus du côté des zombies qui mangent autre chose que des humains, car c'est intéressant comme idée. Ou alors par exemple un perso qui assiste pour la première fois au cannibalisme d'un zombi pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas d'un zombie, mais d'un homme affamé.

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