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Aramis
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"Demain les rats" d'Alain Marty Empty "Demain les rats" d'Alain Marty

Jeu 29 Avr - 8:29
Le nom de cette nouvelle fait référence au livre de Clifford D. Simak : « Demain les chiens », où les hommes ne sont plus qu’une légende pour les chiens qui sont devenus les nouveaux maîtres de la Terre. Par contre j’ignorais l’existence du roman de Christopher Stork de même nom que mon texte.
Mes « rats » ne sont pas le produit d’une manipulation génétique, mais d’une évolution naturelle de ces animaux, les plus intelligents après l’homme et plus malins que les primates. Mais cette évolution ne se serait-elle pas accélérée à cause de ce que l’on peut trouver dans nos détritus ?
 
 
Les camionnettes avancent lentement sur le chemin rempli d’ornières qu’il faut éviter sous peine d’enlisement ou de bosses formées de dépôts sauvages, à une époque encore proche les incinérateurs ne suffisaient plus et il fallait bien évacuer de ce qui encombrait les grandes villes. Certains quartiers avaient été abandonnés et servaient de dépôts et les maisons périphériques de mouroirs, les hôpitaux ne suffisant plus à accueillir toute la détresse du monde. C’était avant bien sûr, mais la nature n’arrive pas à se renouveler, disent les spécialistes, du moins ceux qui restent.
Sur la droite, une petite rivière charrie elle aussi son lot de déchets, en raclant les berges elle récupère à son corps défendant les immondices qui avaient été déposées et les entraîne vers la mer. Cela n’a plus aucune importance, les poissons comestibles ont disparu depuis longtemps, à cause des ordures déversées depuis des centaines d’années et il faudra beaucoup de patience pour attendre le renouvellement de la faune marine après l’épuration progressive des miasmes des océans... si cela est possible. Il ne reste plus que ces étranges méduses bleutées, empoisonnées. Les tentatives de les consommer en les débarrassant de leurs toxines avaient été des échecs successifs, trop de particules fines qui venaient se fixer dans les tissus des hommes entraînant des cancers, comme s’il n’y en avait pas assez avec la pollution de l’air.
Le chemin se dégage peu à peu, les véhicules pourraient accélérer, au contraire ils ralentissent.
— C’est ici !
L’endroit n’a rien de particulièrement attractif : une vieille grange et quelques bâtiments en ruines, sur un fond de montagnes enneigées ; un sol caillouteux et sur le côté les restes de ce qui fut une plantation de maïs, dont les tiges portent encore la trace de cette mousse verte qui a détruit la plupart des cultures de la planète. Il subsiste quelques millions d’humains qui survivent en consommant des racines et ce qui peut être sauvé dans les anciens dépôts et conserveries.
Le petit groupe qui arrive à bord de véhicules électriques est issu de la grande ville, qui se trouve un peu plus au nord.
— Les détecteurs signalent la présence de deux individus.
— Êtes-vous certains qu’il ne s’agit pas d’un piège ?
— Nous avons établi un premier contact il y a deux mois, il n’y a eu aucun « coup fourré », ils échangent de la nourriture contre un tas de vêtements, des tissus de toute sorte.
— Ne me faites pas croire qu’ils veulent se vêtir !
— Bien sûr que non ! réplique le deuxième en riant, il s’agit vraisemblablement d’en faire de la charpie pour garnir leurs nids, c’est bien connu.
— Pourquoi sont-ils deux seulement ? Ils ne seront pas assez nombreux pour tout transporter.
— Ils sont prudents, on leur a fait tellement la chasse ces dernières années, ils reviendront à la nuit par milliers.
— C’était eux ou nous, nous ne pouvions pas accepter qu’ils dévorent ce qui restait de nourriture.
— C’est évident, mais ils ne sont pas rancuniers, ce sont des animaux, ils ont une vision à très court terme, ils n’ont pas la capacité de reconstruire un monde, alors que nous sommes compétents pour le faire.
— Dieu vous entende, mon ami.
— Oui, heureusement que nous avons notre foi pour nous soutenir, elle nous aide à rester forts... gloire à Dieu au plus haut des cieux ! C’est sûrement lui, dans son immense bonté, qui a placé ces bestioles sur notre chemin.
 
Ils cessent leur discussion et font un signe au groupe d’hommes qui attendait leur signal.
Méfiants, protégés par des soldats porteurs de lance-flammes en cas d’attaque sournoise, ils déversent sur le sol, le contenu d’une dizaine de grandes caisses de carton remplies de vêtements. Puis, ils s’emparent de sortes de galettes grises mises à leur disposition.
— Vous auriez pu donner plus de vêtements, nous en avons des milliers de tonnes.
— Je préfère que nous restions parcimonieux. Une caisse pour une galette. Au début nous avons trouvé étrange la présence d’une petite galette à côté d’un tas de tissus, c’est l’une de nos scientifiques qui a eu l’idée d’apporter un paquet de vêtements : dès le lendemain on a découvert une nouvelle galette à sa place... nous avons commencé ainsi.
— Vous êtes certains qu’elles sont comestibles ?
— Certain ! Ce sont des champignons qu’ils font pousser dans leurs galeries souterraines. De nombreuses analyses ont été effectuées, puis des tests gustatifs sur plusieurs jours... j’y ai moi-même participé et vous voyez, je suis en pleine forme.
Ils remontent dans les camions et s’éloignent.
 
De leur observatoire, en haut de la grange, deux énormes rats, un noir et un blanc regardent les hommes repartir.
— Je suis vraiment étonné, dit le premier.
— Moi aussi ; pourtant nous avons agi exactement comme eux, on a commencé par détruire leurs cultures à l’aide de bactéries, un peu comme ils faisaient pour nous obliger à consommer la nourriture qu’ils déposaient à notre portée. Ensuite, nous leur avons donné des appâts inoffensifs pour les mettre en confiance, comme ils ont fait, avant d’ajouter ce produit mortel... comme eux, avec le blé empoisonné.
— Je suis triste...
— Il ne le faut pas. Ils ont été les maîtres du monde pendant des siècles, peut-être des millénaires et maintenant ils vont disparaître à leur tour.
— Oui, c’est vrai, la coexistence n’est plus possible à cause de leurs déchets qui envahissent nos territoires. C’était eux ou nous, alors on a pris la décision de les éradiquer.
— Je sais, mais c’est difficile de voir une race s’éteindre...
— Nous n’y sommes pour rien... c’est la loi de la nature !







Alain Marty


Alain Marty a suivi sa scolarité primaire à La Tremblade où il est né en 1943.
Son père étant muté en 1955 à Royan à l’Enregistrement des Domaines, il y poursuit
ses études secondaires où il obtient son baccalauréat, série « Sciences
Expérimentales ».
Après une tentative dans l’enseignement en Charente-Maritime comme
instituteur remplaçant, il préfère s’orienter en 1967 vers l’informatique dans la région
bordelaise.
Il gravit tous les échelons : vérificateur, programmeur, analyste, pour terminer
sa carrière comme chef de projet dans la mise en place de la TVA en Polynésie
française.
Dès son passage à la retraite en 2004, germe en lui l’idée d’une société
nouvelle, différente de la société financière où nous vivons et où l’argent ne fait pas
le bonheur.
Conscient que personne ne lirait un exposé sur les structures d’une société
pour les exclus du système, il choisit de la présenter à travers une fiction, encouragé
par Gérard Prost, le président de l’association « Mots en Liberté ».
Les personnages de son roman ne se laissent pas faire, et très rapidement
c’est l’attrait de la psychologie d’Ania, la jeune berbère qui garde ses chèvres dans
un petit village du Haut Atlas marocain, qui va prendre le dessus.
Il vous propose ses aventures dans « À corps perdu » aux éditions de « La
Safranière », publié à compte d’auteur, suivi par « La Saga de Gort » en 2019.
Également deux romans policiers, publiés par l’Éditeur Ex Aequo.
« Le coût de la haine » en 2015
« L’archer du marais » en 2019, il obtiendra le prix « Anne Bert » de Royan-
Pontaillac en juin 2019.
Alain MARTY a publié de petits articles de thèmes divers dans le journal
municipal « Croc’Notes » de la ville de Royan.
Dans ce contexte, il écrit le scénario de « La Ganipote » pour pièce de théâtre.
Amateur de nouvelles et de textes courts, il participe à des concours et des
appels à textes. En 2015, il obtient le deuxième prix « Marie de Buttlart » de La
Saintonge Littéraire, pour sa nouvelle : « La chevelure de Bérénice ». Depuis, il a été
retenu et publié une douzaine de fois dans des recueils.
Un de ses textes sur une jeune patrouille de scout est publié en 2020 dans le
Fanzine « Guère Épais ».
Dernièrement trois de ses textes ont été retenus par des maisons d’édition
pour être publiés en recueils.
« Le volet roulant » chez « La Musardine » en 2019
« Le Diable du marais »
et « La Ganipote » chez Nutty Sheep en 2020.
Il participe au concours de pièces de théâtre Aristophane 2020.
Après deux ans de travail, une série de romans de SF recherche un éditeur…
Lien Facebook :
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